jeudi 4 juin 2020

Sabbatique

Maintenant que me voilà bien installé dans la cinquantaine, je peux tout à loisir observer ce que font ces jeunes nés de parents de ma génération. Mes neveux et mes nièces, les enfants de mes amis et ceux des autres. Je peux les voir prendre leurs décisions, comme nous avons tous eu à le faire dans ces premières années d'âge adulte. 
Une chose me surprend. Le faible nombre d'entre eux qui décide de prendre une année sabbatique. Une année de réflexion. Une année en dehors de la course aux diplômes, aux équivalences, aux employeurs pour prendre le temps de prendre le temps. Pour se donner la possibilité de faire les bons choix, prendre les bonnes orientations. Je ne l'ai pas fait et je le dis tout net : cela aurait été une bonne idée.
Prendre une année sabbatique - expression qui nous vient de la pratique juive racontée dans la bible de la Shmita, qui consistait à laisser en jachère les terres tous les sept ans - lorsque l'on est adulte avec une famille des enfants, une profession, est quelque chose de difficile et de coûteux. C'est un choix qu'il est nécessaire de faire avec attention et qui n'est certainement pas sans risque. Cela est parfois salutaire, mais je n'en connais pas qui s'y soit lancé sans une certaine appréhension. En revanche, pour un étudiant, pour un jeune diplômé, pour un "jeune", cela ne pose pour ainsi dire aucun problème, ce n'est pas plus coûteux que cela et c'est une formidable occasion de voir et d'appréhender le monde et les gens qui le composent d'une manière unique et personnelle... Une formidable occasion de sortir des sentiers battus et rebattus dans lesquels ils sont des milliers à se presser chaque année, de faire un pas de côté pour observer et s'observer dans ses goûts, ses désirs, ses envies, ses possibles... Une occasion aussi de se confronter à soi-même, au vide, à cette liberté étrange de ne pas avoir à obéir à l'agenda d'une université, d'un parent ou d'une organisation.
Le monde n'a pas à être celui qu'on nous montre. Il peut changer et prendre le temps de considérer ce changement devrait être obligatoire !

Bravo à Marie d'avoir fait ce choix !

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