mardi 13 novembre 2018

Comme on voit le monde...


En 1694, 15% de la population française mourut de famine ! Plusieurs millions d’hommes, de femmes et d’enfants.
Le gouvernement, alors incarné par le roi Louis XIV, ne s’en soucia pas plus que cela et ne fit pratiquement rien pour palier à cette hécatombe. C'était dans l'ordre des choses.
Aujourd’hui, tout cela paraît faire partie d’une préhistoire reculée et obscure, alors que seuls quelques siècles nous séparent de ces événements !
Pour mille et unes raisons, il ne serait pas venu à l'esprit du peuple français de venir critiquer, à cette époque, le gouvernement, le roi et sa cour pour un phénomène qui était vu par beaucoup comme divin, produit d'une fatalité sur laquelle personne n'avait le contrôle. La révolution française, qui survint un siècle plus tard est beaucoup plus un phénomène politique qu'un soulèvement populaire.
De nos jours, les choses ont changé. Plus personne ne meurt de faim en France et si cela devait arriver, le gouvernement, de quelque bord qu'il soit, serait pointé du doigt pour son incapacité à subvenir aux besoins minimum de ses administrés.
A un point tel, que le gouvernement se voit même critiqué pour son incapacité à maintenir dans une fourchette raisonnable le prix du gasoil, prix dépendant éminemment de variables sur lequel le gouvernement en question n'a aucun contrôle !
Ce que cela signifie, c’est que nous avons au fil des siècles développé une représentation particulière du monde. Celle d’un ensemble de mécanismes techniques sur lesquels règnent diverses puissances. Si ces puissances ne peuvent supprimer le phénomène (ouragan, épidémie, crus en tous genres et de toutes formes), alors il faudra trouver quel organisme gouvernemental et quel dirigeant ou acteur de cette puissance est coupable de n’avoir pas anticipé sur l’importance de la précipitation, sur la taille des grêlons ou l’étendue des zones inondables.
C’est notre représentation pragmatique et technique du monde qui explique ce phénomène.
C’est intéressant parce que dans un monde aux représentations techniques, donc rationnel (nous savons que les épidémies ne sont pas le fait de dieux), l'humanité continue de réagir et de prendre ses décisions émotionnellement. Avec les dangers et les risques que cela implique…

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