jeudi 27 février 2020

Ceux qui restent...

J'ai revu il y a quelques jours un film de l'un de mes réalisateurs favoris : Ridley Scott. Le titre de ce film : "Black Hawk down".
Ceux parmi vous qui ont vu ce film savent qu'il s'agit d'un excellent film de guerre et d'une prouesse de réalisateur. Le propos de ce billet n'est pas d'évoquer la qualité de ce film, mais l'attitude du général en charge des opérations sur ce théâtre difficile qu'était Mogadiscio à l'époque.
Alors que les combats font rages et que pour une poignée d'hommes tout semble désespéré et qu'il vaudrait mieux rapatrier ceux qui ont survécu plutôt que de les voir tous tomber sous les balles des rebelles, le général à cette phrase que vous avez tous sûrement déjà entendu dans la bouche d'un GI américain ou d'un Marines du même pays : "No one gets left behind". Il vaut mieux sacrifier tous les survivants pour la survie d'un seul, parce que ce principe est sacré. Personne n'est abandonné, personne ne reste seul, personne ne peut penser qu'un jour le groupe, le corps prendra la décision de renoncer à lui fournir assistance pour des raisons d'économie de vies, de munitions, de politique ou que sais-je...
Parce que sans ce principe, il est impossible de faire corps totalement, de se sentir lié par des liens absolus et indéfectibles. Avoir la garanti que tout sera fait, absolument tout, c'est assurer la fidélité et l'engagement maximum de tous, pour tous et pour ce qui concerne les militaires, pour la mission.
Bien sûr, ce beau principe a mille fois été bafoué à l'épreuve des faits par des généraux ou des gradés peu respectueux, mais il n'empêche que c'est là l'un des principes qui me semble devoir être à la racine de tout groupe ou de toute société. Être avec les autres, pour les autres et s'assurer que personne n'est abandonné, n'est laissé sur le carreau. Pourtant, notre société regorge d'exemples d'abandons de ce type. Le système éducatif en est la plus belle illustration ! Combien de gamins sont laissés là, à leur ignorance, à leurs difficultés, au motif qu'il serait impossible de donner une éducation digne de ce nom à tous ! la majorité l'emporte et tant pis pour ceux qui ne peuvent pas s'adapter, ne sont pas disponibles, ne peuvent pas suivre.
Une société qui poserait en principe inviolable le fait qu'il ne sera fait aucune exception et qu'aucun enfant, aucune personne ne sera jamais abandonné à sa misère, à sa solitude, à sa condition, est une société vers laquelle j'aimerais que nous allions.
À l'évidence, malheureusement, pour en avoir un aperçu, le plus efficace reste encore de s'enrôler dans les Marines...

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