vendredi 14 décembre 2018

Si les migrants pouvaient parler...

Le sujet est inépuisable. La crise qui secoue notre pays est fascinante d'un point de vue humain et historique. Il sera dit, dans les livres d'Histoire, qu'à quelques décennies de la fin du ou d'un monde, les français descendaient dans les rues pour défendre leur pouvoir d'achat. Une notion qui vient à rebours de ce dont la planète a besoin pour guérir de la surexploitation que nous lui imposons.
Important de noter ici que je ne prends aucune partie, je me moque de savoir si la révolte des gilets jaune est justifiée ou pas. Je n'en sais rien.
Ce que je sais, ce que je peux, c'est prendre un peu de recul et donner en peu de mots, puisque c'est le tour que prennent ces billets, un point de vue. Le mien.
Aujourd'hui, je travaille avec une personne qui fait partie d'une population dont on a beaucoup parlé, avant que l'on ne parle plus que des gilets jaunes : les migrants.
Ils sont toujours là et bien sûr, on ne les écoute pas. Ils sont en trop quand ils arrivent, ils sont en trop quand ils sont là et ils continueront d'être en trop quand ils seront partis... Tout cela alors que l'Humain est par essence un migrant. Nous avons tous passé une immense partie de notre histoire à migrer de territoires en territoires, en quête de nourriture, d'espace, de gibiers et que sais-je...
Les migrants, si nous les écoutions nous diraient sans doute ceci : tout va bien. Certes les fins de mois sont difficiles, mais vous avez de l'eau chaude, un gouvernement qui vous laisse aussi libre qu'il est possible d'être au 21ème siècle, vous avez des richesses qu'on ne peut vous enlever du jour au lendemain, sans vous prévenir, ni vous dédommager (ce qui est arrivé à la personne avec laquelle je travaille). Il y a de la corruption, un peu, mais cela n'a rien à voir avec la corruption généralisée de tant et tant de pays, voire de pays voisins... de pays qui ne sont qu'à quelques heures de vol de Paris.
Vous avez accès à une éducation gratuite et de qualité. La clé de l'avenir est l'éducation. On vous la donne. Vous avez accès à des soins gratuits et vous le savez si la santé va, tout va !
Il y a des difficultés, mais elles n'ont aucun caractère vital, imminent, définitif.
Alors pourquoi ?
Et les mots qui viennent avant tout : alors pourquoi casser ? Pourquoi détruire ce qui fait votre richesse ? Détruire ce qui fait votre liberté. Détruire votre propre environnement, celui dans lequel vos soeurs, vos frères et vos femmes, vos maris vont évoluer demain ?
Eh bien de la même manière qu'un ouvrier en charge d'effectuer la maintenance des robots qui lui ont pris son travail se retrouve à saboter son outil de travail, de la même manière qu'un scorpion piquera la grenouille qui lui fait traverser un fleuve... les êtres privés d'utilité, de sens, de la capacité de contribuer vont se rebeller, même si cela exige d'eux de détruire ce qui les fait vivre, au sens propre. Parce qu'il est dans la nature de l'homme de vivre en société, de contribuer, de faire partie d'une tribu.
Qu'est ce que cela pourrait vouloir dire à l'échelle d'une nation que de rendre ce sens de la contribution, de l'utilité, de la grandeur "d'être avec"... ? Je ne le sais pas plus que vous. Le diagnostique est là, posé devant nous. Le remède reste à être inventé !

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