mercredi 3 février 2016

Le rejecteur...

Notre peur de la rejection est terrassante. Notre besoin d'être reconnu et accepté tout aussi puissant.
Bien sûr, à la lecture de ces deux phrases, il est tentant de se voir rejeté et d'acquiescer… Mais il est aussi possible de se représenter en "rejecteur" ! Et rien n'est plus facile !
Un collaborateur vient vous présenter sa nouvelle idée, son nouveau projet, son envie et vous l'évincez, gentiment mais fermement, parce que ce n'est pas le moment, ce n'est pas son job, vous avez autre chose à faire, vous n'êtes pas dans un bon jour…
Le "rejecteur" en vous est tout aussi puissant et tout aussi destructeur que cette partie de vous-même qui ne supporterait pas de l'être. Et c'est tout le paradoxe.
Cette rejection peut avoir plusieurs origines, la plus terrible et la plus commune étant la jalousie. Combien de belles idées et de beaux projets se sont perdus parce que la personne à qui ils étaient présentés s'est senti diminuée et jalouse de ne pas avoir eu l'idée ou l'envie ou la vista elle-même.
J'ai en tête cette anecdote d'un jeune scénariste qui présentait son dernier script à un producteur. Le téléphone sonne une première fois pendant leur échange. L'interruption dure une vingtaine de seconde et après quelques excuses la présentation reprend. Puis le téléphone sonne une seconde fois et le producteur, ennuyé, annonce au scénariste qu'il doit prendre cet appel. Le scénariste comprend qu'il doit sortir et quitte la salle. 30 minutes plus tard, alors qu'il attend toujours, le producteur sort précipitamment de son bureau : "Je vous avais complétement oublié !".
Lorsque vous avez passé les deux dernières années de votre vie à peaufiner un scénario, un tel oubli est capable de saper votre vocation…

Bien sûr, l'histoire se poursuit. Bien des années plus tard, le scénariste n'est plus si jeune et inexpérimenté et des années d'expérience lui ont permis d'écrire un scénario que le tout Hollywood s'arrache. Le producteur s'y intéresse de près, tente d'obtenir un accord ; la réponse de l'auteur : "Moi, je ne vous ai pas oublié…".

Aucun commentaire: