lundi 15 février 2016

Ce grand auteur...

Écrire un scenario est un travail d'une extrême complexité. Parce que cela demande d'avoir une maîtrise, au moins relative, de tous les métiers qui composent l'industrie du cinéma. Impossible d'écrire une scène correctement et d'espérer la voir filmée sans rudiment de lumière, de focal, de décor, d'histoire, de psychologie humaine ou animale et j'en passe !
En dépit de cette complexité, les producteurs ont la dent dure. Ils n'hésitent pas, et avec la meilleure des bonnes volontés, à exiger des auteurs que l'histoire changent de direction, que tel personnage ne soit plus aussi présent, absent, noir ou que sais-je !
Pour un auteur, c'est troublant. Soit mordre la main qui vous nourrit et refuser. Parce que c'est votre histoire et que vous ne pouvez en changer une ligne sans en détruire l'esprit. Soit aller dans le sens qui vous est demandé, parce que le pouvoir n'est pas de votre côté.

Pourtant, vous ne pouvez pas donner à votre client ce qu'il attend. Si les producteurs de TV avaient toujours eu le pouvoir, la télévision serait encombrée de "Magnum" et de "Plus belle la vie". Les producteurs ne sont pas les artistes. Ce qui a rendu possible la venue de séries comme "Breaking Bad", "Leftovers", "Downton Abbey" et tant d'autres, c'est qu'il a fallu quelqu'un pour tenir et prendre le pouvoir et les responsabilités qui vont avec.
Pour un auteur, surtout un jeune auteur, cela paraît déraisonnable et pour ainsi dire impossible. Même Emmanuel Carrère a quitté "Les Revenants" parce qu'on lui demandait de mettre son nom sur quelque chose auquel il ne croyait pas.


Mais si refusez d'aller dans cette direction, quand deviendrez-vous l'auteur que vous êtes vraiment ?   

Aucun commentaire: