jeudi 2 décembre 2021

Ce qu'une lombalgie m'a dit...

Dans ma quête d'un texte sur l'incommunicabilité inhérente à notre condition humaine, je découvre cet extrait d'un texte de Gaston Berger, quelques heures avant de souffrir moi-même d'une intense lombalgie ! 

"Je découvre en même temps que l'univers des autres m'est aussi exactement interdit que le mien leur est fermé. Plus encore que ma souffrance propre, c'est la souffrance d'autrui qui me révèle douloureusement notre irréductible séparation. Quand mon ami souffre, je puis sans doute l'aider par des gestes efficaces, je peux le réconforter par mes paroles, essayer de compenser par la douceur de ma tendresse, la douleur qui le déchire. Celle-ci pourtant me demeure toujours extérieure. Son épreuve lui reste strictement personnelle. Je souffre autant que lui, plus peut-être, mais toujours autrement que lui; je ne suis jamais tout à fait "avec lui". GB


Au-delà de l'aspect prophétique de cette découverte et cela ne sera sans doute une surprise pour personne, nous sommes seuls dans l'adversité... et pour cela, dans ces moments où la solitude de notre condition se présente dans toute sa dureté à notre conscience, nous sommes touchés par un immense besoin de réassurance, d'écoute et de consolation. 

Nous ne pouvons attendre de l'autre qu'il nous apaise, qu'il nous libère de la souffrance, mais nous pouvons attendre de lui qu'il nous écoute, qu'il entende la souffrance, sans la pouvoir comprendre ou intérioriser, mais qu'il puisse nous accompagner dans un voyage difficile... 

Nous serons tous, un jour, cet Autre qui peut accompagner. La question qui se pose à nous est de savoir comment accompagner au mieux... et la réflexion que je me faisais ce matin, dans les affres de mes douleurs lombaires, est que cet accompagnement n'est pas la tentative de minimiser la perception de la peur ou de la douleur, mais plutôt de tenter d'aller dans la peur avec l'autre, de rentrer dans la difficulté et l'angoisse avec la personne et ainsi lui permettre d'en prendre la mesure. Par exemple : insister sur le fait que "Cela va aller, ça va passer, tu vas aller mieux...", cela aide, mais cela reste difficile à entendre... alors prendre la main, au propre ou au figuré, et lui dire : "Dis-moi, qu'est-ce qui te fait peur comme ça ?" - "Qu'est-ce que c'est pour toi que ce mal, comment penses-tu pouvoir t'en accommoder ?" et par ce dialogue permettre au corps dans sa douleur de libérer l'émotion qui, seule, nous soulage de notre fragilité et de l'angoisse qu'elle suscite.

Et faire le lien avec le texte de Gaston Berger, qui nous dit simplement que si l'Homme est seul par nature, il l'est encore plus dans la souffrance, dans l'angoisse et dans la peur et c'est ici que nous pouvons vraiment nous aider les uns les autres...





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