jeudi 23 mai 2013

Ethique des organisations ? Mon oeil !

Je travaille régulièrement pour une société de l'industrie pétrolière.
Lors d’un dîner, quelqu’un m’a gentiment apostrophé pour me demander si je n’étais pas gêné par tout le mal que cette industrie a fait et continue de faire subir à notre environnement, sa responsabilité manifeste dans le réchauffement actuel de notre planète et l’entêtement de notre civilisation à utiliser les énergies fossiles. Entêtement et aveuglement.
La question qui m’était ainsi posée est celle de l’éthique. Est-il éthique de travailler pour une société qui ne fait pas tout ce qui est en son pouvoir pour faire de notre monde un monde meilleur et qui prend le risque de souiller les plus belles de nos côtes et de plonger notre planète toute entière dans un nouvel ère glacière ?
Une telle entreprise est-elle éthique ? Si elle ne l’est pas, qu’est-elle ? Et que dire de tous ceux qui y travaillent ? Sont-ils tous des cyniques, des égoïstes, des inconscients ?

Ma réponse est simple : je suis au courant de tout cela - rien n'est aussi simple qu'il y paraît et contrairement aux apparences, je suis aux avant-postes pour que cela change ! Voici comment.

Pour cette société, dans le monde dans lequel nous évoluons, la vérité est capitalistique. Cette réalité est simple et elle est dure : il est impératif de générer des profits. C’est la mission. Si les profits cessent, la société ne remplit pas ce pourquoi elle a été créée. Tout est envisageable au sein d’une organisation, dès lors que cette première loi est respectée : les profits sont maximisés, en fonction de l’environnement, de l’économie et du climat social certes, mais ils sont maximisés. C'est le contrat passé avec les actionnaires.

Le problème avec cette question de l’éthique et de la "responsabilité sociétale des organisations", c’est que cela ne s’apparie pas avec ce contrat ! Etre éthique, c’est bien mais cela ne permet que très rarement de maximiser les profits. Pour cette raison, cette question de l’éthique est un serpent de mer dont les organisations n’aiment pas entendre parler, parce que ce n’est pas leur job, ce n’est pas leur mission. Ils s’en sortent en affirmant qu’ils se comportent de la façon la plus éthique possible. Bien souvent cela n’est pas suffisant et nous en souffrons tous. Certains en meurent.

Les organisations sont des tueuses. Ce n’est un secret pour personne. Nous avons oblitéré leurs responsabilités pour ne nous concentrer que sur quelques agissements pour la plupart mineurs ou lorsque le dépassement des bornes est trop flagrant. Monsanto, par exemple, prend un risque qui pèse sur l’humanité toute entière. Ce risque paraît acceptable, parce que le bénéfice et la maximisation des profits à court-terme contrebalancent aisément le risque à très long-terme.
Ce système nous mène à notre perte. Nous sommes nombreux à le savoir, à le voir et à le sentir. Sommes-nous impuissants à le changer ?

Je ne le crois pas.

Je travaille chaque jour avec les salariés de cette entreprise pétrolière et tous sont des individus dont l’éthique est irréprochable.
Je croise des gens d’une honnêteté et d’une humanité comparables à celles que je verrai dans n’importe quelle ONG ! Ceux que je forme et que j'accompagne sont des gens passionnants et passionnés de leur métier. Il n’y a que les êtres humains pour être éthiques. Mon métier est de transmettre à ces gens les outils qui leur permettront de se connecter à ce sens de l’éthique et à dire, à clamer et à prendre le risque de crier : NON ! Ce que nous faisons ici n’est pas raisonnable, ne devrait pas être tenté, le risque n’en vaut pas la chandelle...
Je travaille à leur permettre d’oser dire et faire ce qui leur semble juste. J’ai confiance en eux pour savoir ce qu’être juste signifie en fonction de leur industrie et de leur position.

L’éthique de votre organisation et sa responsabilité sociétale ne sont que de vains mots si vous n'êtes pas vous-même éthique et responsable, à chaque jour, à chaque minute. Sans compromis.

Vous pouvez changer le système.

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