mercredi 20 juillet 2016

Un cerveau et des attentats...

Le cerveau est une machine narrative, je l'ai déjà écrit à de nombreuses reprises dans ce blog. Cela présente des avantages considérables, notamment celui d'interpréter le monde et de pouvoir se projeter dans quelque chose qui n'existe pas. Pour le reste du règne animal, le monde est. Ce sont les nécessités de l'instant qui régissent leurs vies. Pour nous, le monde est tel que nous croyons qu'il est et cela aussi régit nos vies. Pour fabriquer ces narratifs, pour interpréter le monde, le cerveau puise dans ce qui est mis à sa disposition. Il y a bien sûr tout ce qui vous a été transmis au fil de votre éducation, mais il y a aussi tout ce qui est disponible dans l'instant. C'est à partir de ce qui est là, autour de vous, que le cerveau va se faire une représentation du monde. Pour cette raison, il est vital, de fournir à votre cerveau une "nourriture narrative" équilibrée ! Trop de journal de 20h et votre cerveau vous fera croire que le monde n'est que dangereux, menaçant et déprimant. Trop de télé-réalité, et votre cerveau vous donnera à penser que personne sur terre n'est doté d'un QI supérieur à 20 et vous forcera à vous adapter (…).
Cela est particulièrement vrai aujourd'hui, alors que nous sommes sous la pression constante des images et des commentaires autour des attentats récents. Notre cerveau assimile ces éléments et les transforme en histoire qui vont décider de la façon dont nous allons nous sortir ou pas de cette situation. Se laisser envelopper dans cette constante pression des medias, et en quelques jours vous ne disposerez plus d'aucun contrepoids narratif. Votre monde deviendra celui que les terroristes auront voulu imposer : un monde de terreur et d'angoisse dans lequel le danger est à chaque coin de rue. Ce qui n'est pas vrai. En dépit de l'horreur de l'attentat de Nice et de ses dizaines de morts injustes, le monde n'a pas changé. Il reste dangereux. Il reste passionnant. La voiture continue de tuer plus de monde que les fous de Daech.

Que nous fabriquions des histoires de vengeance et d'horreur disproportionnées est exactement ce que veulent les têtes pensantes des organisations terroristes. Ils n'ont aucun pouvoir, aucune force autre que celles des histoires. Mais c'est un pouvoir redoutable si nous ne prenons pas garde.

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