Il m'arrive d'avoir une certaine nostalgie. Pour dire vrai, une nostalgie malsaine de ces temps anciens où il était naturel de s'en remettre entièrement à d'autres pour réussir.
Pour un musicien, il suffisait d'envoyer ses démos aux quelques studio existant et des hommes de marketing (et jamais de musique) décidaient si le projet avait une chance de réussir et de devenir un succès.
Une fois leur sentence prononcée, elle était définitive. Des groupes et des artistes talentueux n'ont jamais connu le succès parce que cela fonctionnait ainsi. C'était cruel. Mais quel confort !
Une fois élu, tout était mis en place pour que ceux qui avaient choisi se trouvent confortés dans la pertinence de leur choix. Et l'argent, au moins dans un premier temps, coulait à flot pour permettre passages radio, télévision, publicité et autres actions de marketing !
Pour le public, cela donnait l'illusion d'une offre riche et de qualité. Alors qu'ils n'écoutaient une musique qui n'était que le reflet des goûts d'une certaine catégorie d'individus qui jugeaient de la musique en fonction de critères plutôt douteux.
Aujourd'hui, ce confort n'est plus. Un musicien peut envoyer ses démos aux studios et être choisi, mais cela ne changera pas grand chose - à moins d'avoir déjà du succès !
Aujourd'hui, c'est aux artistes de se choisir eux-mêmes et de faire ce qu'il est nécessaire de faire pour atteindre assez de reconnaissance pour exister aux yeux de ceux qui investissent dans la musique... Les studios ne jouent plus le rôle de filtre. Les filtres, aujourd'hui, c'est nous, c'est vous !
Pour les artistes, c'est un vaste champ d'opportunités qui se révèle. Et avec lui, un incroyable mais formidable inconfort ! Que faire devant tant de chaos, de complexité, d'immensité !
