Pour tous ceux qui n'ont pas de mémoire !

Mémoire humaine ! 

Elle n'est pas terrible ! 

Je parlais il y a peu avec un stagiaire de l'une des formations que j'anime régulièrement. Un stagiaire ancien, puisque nous avons travaillé ensemble il y a près de dix ans et je lui demandais : de quoi te souviens-tu, que reste-t-il dix ans après, de ces deux jours de travail que nous avons parcouru ensemble ?

Sa réponse fut pour le moins édifiante : un extrait de film et un exercice sur le regard. C'est tout. De tout ce que j'avais pu dire au fil de ces deux journées il ne reste presque rien. De tous les autres exercices, de toutes les découvertes, de ces 16 heures passées ensemble... quelques vagues souvenir ! 

Est-ce à dire que cette personne est une handicapée de la mémoire ? Qu'elle a un problème et qu'elle devrait rapidement commencer à entraîner le peu dont elle dispose si elle veut éviter une vieillesse privée de tout historique mémoriel ! Bien sûr que non. La mémoire humaine n'est pas terrible. Nous ne mémorisons pas grand chose sur le long terme. Nous ne mémorisons pas les listes et les données brutes, c'est une première évidence. Il faut voir l'effort que nous demande la mémorisation de ces listes de courses qui ne comptent qu'une dizaine d'items ! Nous ne mémorisons pas les événements quotidiens de nos vies, le banal, le permanent et, en l'état actuel de la science il est possible que les rêves nous aident dans ce travail d'élimination et de remise à zéro des quelques cases mémoires dont nous disposons !

En gros, lorsque quelqu'un se plaint de ne pas avoir de mémoire, il est tout à fait possible de rassurer cette personne : elle n'est pas la seule. Nous sommes tous incapables d'emmagasiner de la donnée. Lire un livre et c'est 95% de son contenu qui sera oublié en moins de quelques jours. Voir un film et c'est un peu moins, peut-être, mais au bout de quelques mois il ne restera que les grandes lignes de l'histoire, le climax et quelques émotions... 

Si notre mémoire est si mauvaise, cela ne veut pas dire qu'elle est inutile ou qu'elle ne peut pas être exploitée. Nos cerveaux mémorisent plus aisément certaines choses. Ils ont plus d'appétit par exemple pour la narration ou pour tout ce qui se rapproche le plus d'une expérience sensorielle. Nos cerveaux se souviennent plus facilement de ressentis, d'émotions. Ils se souviennent très bien de ces doigts qu'il ne faut pas mettre dans une prise ! En gros, ils se souviennent bien de ce qui peut vous aider à survivre, le reste est superflu ! 

Ainsi, pour vous qui avez un message à transmettre, sachez-le : ils ne se souviendront de rien ou presque. Tout votre travail consiste à glisser votre message de la manière la plus adroite possible et la plus émotionnelle possible dans ce "presque" ! Ou à en faire une question de vie ou de mort !