On l'oublie trop souvent : la pression tue le plaisir.
Vouloir travailler ou faire travailler ses équipes sous le joug de la pression, c'est la garantie de voir s'évanouir le plaisir du jeu. Et sans plaisir du jeu, le cerveau humain devient calculateur. Il minimise les risques, joue la sécurité, se protège... et rien de nouveau, d'original ne peut avoir lieu.
Libérer de la pression pour libérer les énergies créatrices.
Nous avons un cerveau. Tous. Plus ou moins !
Nos cerveaux sont programmés, conçus, structurés pour l'apprentissage. Tous ce qui nous sommes, tout ce que nous comprenons, envisageons, décryptons provient à un moment ou à un autre d'un apprentissage...
Nous développons des aptitudes et ce sont ces aptitudes qui nous caractérisent. Rien de tout cela ne serait possible sans cerveau. Une formidable machine. Formidable de plasticité, de curiosité, d'ingéniosité. Le cerveau sait apprendre. Il sait se remettre en question. Il sait tester. Il sait se tromper. Il sait tirer les leçons de ces erreurs. Il sait économiser son énergie et quand il convient de prendre un raccourci et quand cela n'est pas utile. Il sait se dépasser. Il sait qu'une limite apparente peut être dépassée...
Nous avons tous un cerveau prêt au grand voyage de l'apprentissage... et trop souvent, nous gaspillons ce potentiel en considérant que cette machine à apprendre devrait tout savoir dès la naissance ! Et qu'à moins de cela, ce ne serait que la juste illustration du fait que nous ne serions pas doués, que nous serions dénoués de talent, moins intelligents, moins créatifs, moins malin que d'autres...
Vous n'avez rien que ce que vous avez appris et les seules limites à ce que votre cerveau est capable d'apprendre sont celles que vous lui fixez...
Je suis toujours stupéfait de voir à quel point notre éducation, notre système éducatif, par ses lourdeurs et sa structure archaïque, sans que j'en fasse porter le blâme à qui que ce soit, passe à côté des grands sujets qui seraient si nécessaires et importants pour mener des vies équilibrées et riches.
Les sujets de la communication et de l'interaction sont tout simplement absents des programmes. Le sujet majeur de la santé aussi. Celui de l'autonomie financière, tout autant.
Pour moi, c'est une folie. Une folie dont le prix se paye tous les jours, dans notre pays et dans le monde.
Si je devais revenir dans le temps et choisir mes coachs et mes professeurs, je me choisirais quelqu'un qui puisse m'apprendre à vivre dans mon corps autant que dans mon esprit, qui me permette d'envisager qui je suis comme un élément d'un système dont je suis une partie, mais sur lequel j'ai une influence majeure. Qui ouvrirait mon intelligence aux vraies questions du vivant.
C'est bien sûr impossible et je fais comme la plupart des adultes de notre temps, je compense, je me forme, je m'interroge avec un "operating system" défaillant et obsolète...
Mais c'est déjà ça !!
Le fait que cela semble facile ne veut pas dire, nécessairement, que cela le soit !
Si vous avez devant vous quelqu'un qui semble parfaitement à l'aise, tranquille sur scène, il n'est pas certain qu'intérieurement, cette personne ne soit pas en proie aux doutes. Qu'elle ne se questionnent pas sur l'intérêt de son auditoire, sur son niveau d'engagement.
L'important ici est de bien se souvenir que nos inquiétudes, nos doutes, nos angoisses, ne se voient pas !
La plupart du temps, nous apparaissons à nos auditoires bien plus à l'aise que nous ne le sommes vraiment. C'est une bonne nouvelle.
Dans une entreprise, beaucoup repose sur l'identification du talent de chacun et de l'aptitude à prendre des responsabilités. C'est cela, "faire carrière", c'est aller vers une meilleure compréhension des enjeux, des fonctionnements, des relations et prendre les devants, prendre la "direction".
Le rôle essentiel des RH est de travailler à cette identification et de permettre l'expression de ce potentiel individuel.
Chaque collaborateur incarne littéralement l'avenir de l'entreprise. Chaque collaborateur peut devenir, s'il s'en donne les moyens, le futur « leader » et garantir ainsi l'avenir de l'organisation...
Pourtant, d'après une étude Opinionway parue aujourd'hui et publiée dans Le Monde, 58 % des collaborateurs des entreprises françaises se disent prêts à refuser de prendre des postes de direction parce que cela pourrait nécessiter de la prise de parole en public.
58%. Ce n'est pas énorme, c'est un raz de marée ! Un raz de marée destructeur de mille et un possibles pour nos organisations et nos entreprises ! C'est bien sûr une folie, mais c'est aussi un fait.
Pourtant, la plupart du temps, lorsque je propose mes services, on me dit : "La Prise de Parole en Public ? C'est couvert !"...
Vraiment ?
Au moment d'une grande occasion, ne comptez pas sur celle-ci pour participer à vous élever à la hauteur de ce qui est attendu de vous.
Les grandes occasions de nous élèvent pas ! Elles nous font tomber ! Tomber au niveau exact et précis de notre préparation et de notre entraînement.
Si l'occasion est importante. Si l'enjeu est de taille. Préparez. Répétez. Recommencez jusqu'à ce que vous soyez satisfait.
N'attendez rien de l'instant, qui ne pourra que vous trahir. N'improvisez rien et ne comptez pas sur une soi-disant fraîcheur du moment pour vous permettre de briller.
Votre travail : préparer. Comme un pro. De façon à ce que l'erreur, le flop, la catastrophe deviennent impossibles.
"Je veux faire de l'humour, être détendu, mais je ne veux pas être pris pour un comique..."
Nous nous mettons nous-mêmes dans une boîte, dans une cage. Nous voulons paraître sérieux et tout devrait être sérieux. Notre attitude cesse d'être naturelle. Nous nous pensons sérieux. Nous devenons unidimensionnels. Fabriqués. Vidés de ce qui fait humanité !
Que raconte cette humanité ? Une infinie complexité. Une multidimensionnalité !
Vous n'êtes pas sérieux. Vous n'êtes pas non plus drôle ou triste tout le temps. Vous naviguez sur l'océan de vos émotions, ces mouvements de la vie en vous !
Ces mouvements déterminent vos attitudes, vos comportements. Vous voilà sérieux devant une situation qui appelle toute votre concentration et votre professionnalisme. Vous voilà plein d'humour et de vitalité au moment de célébrer une grande réussite avec votre équipe. Vous voilà triste au moment de rendre hommage à un collaborateur qui vous quitte... Ce sont toutes ces dimensions et la façon dont vous les parcourez et les assumez qui font de vous un humain remarquable. Un humain qui accueille la vie dans toute sa complexité et son imprévisibilité !
Si nous acceptons cela, et si nous refusons de nous mettre nous-mêmes dans une boîte, dans une représentation clichée de nous-mêmes, alors nous restons humains et passionnant, et les autres nous voient comme tels...
