mercredi 14 avril 2021

La liberté d'expression

Pour prendre la parole il est une vérité fondamentale : que vous puissiez dire ce que vous voulez dire. 

La liberté d'expression. Elle au centre de toutes libertés. Nous devons chérir et protéger cette liberté qui est la nôtre. Si je veux écrire et dire, dans ce blog ou ailleurs, que je n'aime pas notre président ou que je l'apprécie, que je trouve un tel ou une telle moche ou inintéressante, c'est mon droit, c'est ma liberté d'expression ! Je peux et j'ai le droit de dire ce que je veux, quand je le veux et à qui je le veux !

Il y a des limites. Ces limites sont fixées par le droit. Je ne peux pas en faire autant quand il s'agit de diminuer, de diffamer, de tenir des propos racistes ou révisionnistes et bien d'autres cas que la loi a identifié, précisément, parce que la liberté d'expression est précieuse. C'est la première de nos libertés à disparaître lorsque s'installe une dictature. 

Cela semble simple et c'est pourtant si complexe. Il y a peu, un chroniqueur radio, Fabien Lecoeuvre, traitait sur l'antenne d'Europe 1 la chanteuse Hoshi "d'effroyable". Se référant à son physique. Puis il enchaîne sur le fait qu'elle devrait remettre ses chansons à des chanteuses au physique plus agréable. Vous avez bien lu ! 

C'est minable, c'est idiot et pathétique et on se demande bien ce qu'il y a dans le cerveau de cet individu qu'il s'abandonne à dire des choses aussi consternantes !... Mais du pur point de vue de la liberté d'expression, Fabien Lecoeuvre a le droit de dire ce qu'il pense de Hoshi, et Hoshi a le droit de se défendre... Où commence la diffamation, où s'arrête la "bien-pensance" ? Dans le monde qui est le nôtre, dans lequel tout le monde a la parole, ces frontières du langage sont essentielles et elles ne peuvent pas toujours être définies et précisées par la loi. Notre bon sens doit aussi s'en saisir. Notre capacité à comprendre la nuance et le contexte, à prendre du recul, notre capacité d'empathie, de compréhension, de bienveillance. Autant de liberté impose un sens de la responsabilité. 

Mais dans le doute, je serai toujours du côté de la liberté d'expression et je préfère laisser passer une chronique imbécile que de lyncher quelqu'un sur la place publique pour ce qu'il a dit !

1 commentaire:

Céline D. a dit…

Tellement d'accord avec toi François sur l'importance de la liberté d'expression et son caractère sacré dans une société démocratique. Mes 5 années de droit ne saurait me faire penser autrement!
Mais je suis encore plus d'accord sur l'imbécilité, la mysoginie, la médiocrité des propos de ce chroniqueur d'un autre temps...
Et je ne suis pas sûre que la question se joue au plan juridique. C'est bien au plan civique que ses propos sont pointés du doigt. Qu'un homme vivant au 21ème siècle soit capable de s'exprimer avec une telle goujaterie sur le physique d'une artiste est proprement inadmissible. Il a le droit de penser et de dire que Hoshi n'est pas à son goût mais à quel moment le micro lui est-il ouvert pour en faire une chronique entière de plusieurs minutes ? Et la question se pose d'autant plus fortement dans une période où tant d'urgences réelles pèsent sur le monde. Mais passons...
Sur le plan philosophique simple mais aussi juridique, comment justifier qu'une artiste devrait "donner ses chansons à d'autres" sous prétexte qu'elle ne répond pas aux critères esthétiques du moment (fixés par qui? pour quoi ?). Si la vertu n'attend pas le nombre des années, elle n'attend pas plus de soi disant critères de "beauté" on ne peut plus subjectifs. Et comment permettre à la jeunesse de ce pays de croire à leurs rêves et leurs talents en les conditionnant à ce que renvoie leur image. Après les drivers dépêche-toi, fais plaisir, sois parfait, sois gentil, sois fort, le driver sois beau/belle ?
Heureusement, nous n'avons jamais demandé à un Gainsbourg, un Devos ou un Coluche de coller à une autre physique que le leur (et qui décide que Delon est plus séduisant que le beau Serge?). Pas plus que nous ne leur avons demandé de rendre leurs textes, leur musique, leur humour ou leur brillant esprit critique.
D'ailleurs, je m'interroge : l'intéressé aurait-il eu le courage de se prononcer de la sorte, avec une expression aussi "libre" au sujet de grands costauds de la chanson ou de stars du rap français ?... Pas certaine (au regard du diamètre de leurs biceps et des représailles potentielles?).
Bref, des propos d'une lâcheté qui définit bien le personnage que l'histoire laissera aux oubliettes de toute évidence.
Et merci à toi d'avoir posé ce sujet car la liberté d'expression existe OUI. La loi lui fixe une protection essentielle, et également des limites. Ce qui me ravit c'est que notre communauté humaine peut aussi en définir d'autres, ou s'offusquer haut et fort quand cette expression, sous couvert de liberté, vient bousculer, heurter, abîmer les valeurs du bien vivre ensemble de notre société.