Il y a peu, alors que je venais de terminer une conférence sur les multiples façons dont l'art de la narration peut venir enrichir les présentations et les interventions en entreprises, une personne est venu me trouver avec un petit morceau de papier blanc constellé de petits bâtons verticaux. Il me dit, avec un grand sourire, combien il avait apprécié mon temps de parole, mais qu'il avait aussi constaté la présence de 29 "Euh.." dans mon intervention.
Je suis persuadé qu'à ses yeux, pour un orateur, l'ennemi est le "Euh...". Et il n'est pas le seul, il me suffit de voir quel est le premier commentaire que font mes stagiaires lorsqu'ils se voient en vidéo pour la première fois : "C'est plein de "Euh..."" !
Pourtant je puis vous assurer que ces "Euh..." ne sont pas aussi importants que l'on pourrait le penser et qu'ils ne sont en tout cas pas l'ennemi de l'orateur et de son public !
Pourquoi ces "Euh..." sont-ils là ? Tout simplement parce que notre cerveau en a besoin. Il se passe énormément de choses dans nos cerveaux lorsque nous improvisons une conversation ou que nous intervenons sur scène. Nos cerveaux n'étant pas de super-ordinateurs, il leur faut du temps pour construire le discours, pour prendre la mesure de la situation et ce temps, ils le trouvent dans la durée de nos "Euh..." ! Parce que nos cerveaux sont tous fabriqués sur le même modèle, nous fonctionnons tous de la même manière lorsqu'il s'agit de parler. Nous utilisons tous le "Euh..." pour fluidifier le flux de parole, indiquer à l'oratoire que nous n'avons pas terminé et élaborer la suite de nos interventions. Parce que nous le faisons tous, nous avons tous tendance à ne pas le remarquer ! Sauf lorsque nous faisons le choix de mettre le nez dessus et de nous concentrer sur ce que nous appelons à tort un "tic de langage". Ce n'est pas un tic, c'est nécessaire et formidablement utile !
Ainsi, oubliez vos "Euh..." et laissez-les vous rassurer sur votre humanité. Si vous souhaitez vraiment vous en débarrasser, il est toujours possible de pratiquer, mais cela n'ajoutera pas à la qualité de vos présentations !
Quant à ce brave monsieur et son papier aux 29 "Euh...", je l'ai gentiment remercié et j'ai poursuivi ma carrière de formateur et d'orateur sans jamais me soucier de mes "Euh..." et de leur nombre. S'ils étaient l'ennemi, il y a longtemps que nous aurions eu à croiser le fer, et ce ne fut jamais le cas !
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