jeudi 27 mai 2021

Parler aux enfants...

Alors que je travaille tranquillement dans un parc, une jeune maman vient jouer avec son garçon autour de la fontaine qui me fait face. Le garçonnet s'amuse beaucoup avec l'eau et la boue et se livre à mille expériences. Tout est neuf et joyeux ! Le temps passe et bientôt il est temps de rentrer. La jeune mère interpelle son fils et lui signifie le moment du départ. Évidemment, pour le jeune garçon il n'en est pas question. Pourquoi partir quand la joie et le plaisir sont ici ! La réponse est aussi cinglante qu'évidente : "Non !". La mère ne se démonte pas et sort immédiatement l'artillerie nucléaire et lui répond, sans une once de culpabilité : "Eh bien d'accord, nous te laissons ici ! Au revoir ! À bientôt !". Le regard de l'enfant passe de la joie à quelque chose de vitreux dans lequel se mêlent peur et frustration. Il pose le petit bout de bois qui l'amusait et marche doucement vers sa mère...

Rien que de très banal, vous me direz... Oui, il est assez banal de recourir à un mode de communication fait de menace et de chantage lorsque nous nous adressons à nos enfants. Après tout, les menaces, même celle tout de même assez forte de café de l'abandon, faites à un enfant sont des menaces enfantines, imaginaires, facile de comprendre que jamais une mère n'abandonnerait son enfant dans un parc, alors la menace n'a pas la même portée et la même valeur.

Peut-être, mais j'en doute. Le message est ici, même en filigrane, qu'il est possible pour obtenir quelque chose de quelqu'un d'utiliser la contrainte, de tordre le bras de l'autre pour qu'il nous donne ce dont nous avons besoin... C'est tout de même un peu... gênant et en professionnel de la communication, je ne peux m'empêcher de penser qu'une part de nos problèmes d'interaction une fois adulte vient de ces moments de nos vies ou nos parents, en toute inconscience et en toute bienveillance ont abusé de la position de faiblesse dans laquelle nous nous trouvions ! 

Au-delà de tout cela sur lequel les psychologues se sont déjà penchés, je pense que communiquer vers un enfant est une excellente source d'entraînement à la communication non violente, à une forme d'interaction choisie, pesée, mesurée... même si c'est difficile, même si c'est un enfant, même s'il serait bien plus aisé de punir, de vexer, de menacer ! Parce qu'à bien y regarder, toute communication est difficile !

Parler aux enfants comme nous parlerions à de jeunes adultes me semble plus équilibré et sensé. Les enfants deviendront adultes un jour et n'oublieront certainement pas qu'un jour la menace les a fait plier et que si cela a marché avec eux, cela pourrait bien marcher avec d'autres !

D'ailleurs, voici quelques exemples de ce que cela donnerait si nous parlions à des adultes comme nous parlons aux enfants...











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