lundi 3 mai 2021

Le jour où Romain Gary...

Il est un écrivain, un auteur, un artiste pour qui j'ai une admiration sans fond. Romain Gary. Je le parcours depuis mon adolescence et il a éclairé mon existence de son talent, de sa force littéraire et de ses choix de vie. Lorsque je suis parti à Los Angeles, j'avais conscience de marcher dans ses traces. J'ai vécu un moment de joie intense lorsque j'ai découvert que nous étions nés le même jour de l'année, après avoir longtemps cru le contraire. Pour ceux que cela intéresse, c'est une histoire de calendrier grégorien !

J'admire aussi la façon dont Romain Gary s'est retiré de ce monde. Comment il a tiré sa révérence. Dans la violence d'un coup de revolver, mais aussi au jour de son choix, au jour J comme il l'a écrit lui-même dans sa lettre. Que voici.


En voici la retranscription :

30 août 1979

Pour la presse. Jour J. Aucun rapport avec Jean Seberg. Les fervents du cœur brisé sont priés de s’adresser ailleurs.

On peut mettre cela évidemment sur le compte d’une dépression nerveuse. Mais alors il faut admettre que celle-ci dure depuis que j’ai l’âge d’homme et m’aura permis de mener à bien mon œuvre littéraire. Alors, pourquoi? Peut-être faut-il chercher la réponse dans le titre de mon ouvrage autobiographique, La nuit sera calme, et dans les derniers mots de mon dernier roman: "Car on ne saurait mieux dire".

Je me suis enfin exprimé entièrement.

Quelle élégance d'âme il faut avoir, au dernier moment du dernier jour pour écrire ces quelques mots. Quelle élégance tout court.

Tout ce que nous faisons, envisageons, créons, finira par finir. C'est inéluctable. De toutes nos entreprises il en est peut-être quelques-unes qui nous survivront, mais la plupart s'achèveront de notre vivant, dans les larmes parfois... Nous pouvons choisir de quelle élégance nous parer pour ces derniers moments. Nous pouvons faire le choix de nous battre jusqu'au dernier, de ne rien céder, de ne rien donner et d'allonger la peine et la souffrance. Ou nous pouvons faire le choix de partir, non sur la pointe des pieds et au premier signe de frustration ou d'agacement, mais au bon moment, au moment que nous avons choisi pour nous. Au jour J.  

2 commentaires:

Jean-Loup Terraillon a dit…

J'espère que ce n'est pas une annonce publique de ta volonté de mettre fin à tes jours...
Un philosophe roumain n'a réussi à survivre, seulement parce qu'il savait qu'il pouvait se suicider, c'est ce qui l'a empêché de le faire... Il considérait que la vie est une parenthèse dans une longue période de non-être, et que le problème de l'homme était sa naissance, et donc que le non-naitre était mieux...

Haut les coeurs, nos futures présentations en ont besoin!

François MAURIN a dit…

Merci Jean-Loup !!
Tout va bien je te rassure tout à fait !
Merci pour cette information passionnante sur le non naitre... je vais creuser !