lundi 27 juillet 2020

N'en déplaise à Diderot...

Nous avons tendance à valoriser la vivacité de l'intellect, l'idée brillante, le trait de génie, l'éruption de sagesse.
J'ai découvert il y a peu que cela avait un nom : "esprit d'escalier" ou "esprit de l'escalier"... Sous la plume de Diderot, c'est cette facilité à trouver les mots, au bas de l'escalier de son hôte, avant de le quitter...

Comme si cette aptitude représentait une capacité d'adaptation portée à son paroxisme. Les mots justes au juste moment, les notes parfaites au moment parfait. Incarnation de l'être parfaitement à l'aise dans le moment présent et armé pour y répondre. Le trait d'esprit au siècle des lumières était même à ce point prisé qu'il pouvait valoir à celui qui maîtrisait cet art une place près du roi. 
Pourtant, cette capacité d'éloquence et d'improvisation n'a qu'une valeur toute relative. Elle est trompeuse tout d'abord, parce qu'elle n'est pas le fruit de l'immédiateté, mais celle d'une pratique bien particulière et on sait ce que peut produire un cerveau entraîné ! Ensuite, la valeur de ce qui est immédiat est à mon goût bien maigre. Ce qui compte, c'est ce qui garde de l'intérêt des heures, des semaines, des mois plus tard. Le trait d'esprit est une fulgurance éphémère dont il reste bien peu de choses et qui se souvient de ces grands bretteurs de mots qui avaient les faveurs de Louis XIV ? 
Bien sûr, les explosions de lumières d'un feu d'artifice sont magiques et fascinantes, mais que sont elles face à un tableau de Van Gogh ?...

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