mercredi 5 octobre 2022

Qu'est-ce que la musique ?

Depuis quelques jours, hasard ou fait du destin, j'ai vu ou entendu ou l'on m'a invité à lire ou écouter plusieurs articles, podcast ou vidéo sur la musique et l'explication de la musique.
Qu'est-ce qui rend la musique si puissante ? Pourquoi nous fait-elle cet effet ? Pourquoi nous saisit-elle à un endroit de nous-même que nous ne saurions décrire et nous invite au voyage intérieur ou à la danse et à l'abandon ? La musique va droit au coeur, droit à la mémoire, droit à la sensation et la ravive exactement telle qu'elle fut. Intense, pure, nouvelle, généreuse...
La musique nous enveloppe et produit toujours quelque chose d'unique.
Un formateur auprès de qui je me formais m'avait dit un jour "J'utilise la musique, parce qu'elle met tout le monde au même endroit..." - Précieux.
J'accueille les stagiaires de toutes mes formations en musique et j'ouvre la journée sur l'Andante du Concerto n°21 en ut majeur de Mozart (dont il est question plus bas...) et lorsque j'entends ces premières notes, me reviennent ces centaines de sessions, ces centaines de rencontres et ce doux sentiment de tension et d'excitation qui précède une journée de formation - Précieux.
Musicien moi-même, il serait difficile d'exprimer en quelques lignes tout ce que la musique m'a apporté dans la vie. La musique écoutée, la musique composée, la musique interprétée, la musique partagée avec d'autres musiciens et avec vous, le public... et la boucle qui se boucle.
La musique a quelque chose de magique. Elle agit. Elle ne s'impose pas. Il est possible de l'ignorer. Il faut y être prêt. Elle est essentielle.
La bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a jamais eu autant de musiques disponibles. Les plateformes de streaming sont d'une richesse inouïe. La plus grande partie de cette richesse totalement inconnue du public et amassant de la "poussière digitale"... mais qu'importe ! 
L'important c'est la musique... 





Voici quelques unes des sources qui m'ont été proposées :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/pourquoi-la-musique-me-fait-elle-pleurer-9326049

https://youtu.be/XCSpHlnwPQk

Et ce texte de Bernard Pivot, sur un autre sujet qui me préoccupe et qui évoque l'importance de la musique dans la vie, surtout lorsqu'elle touche à sa fin :

Vieillir, c'est chiant.

J’aurais pu dire : 

vieillir, c’est désolant, 

c’est insupportable, 

c’est douloureux, c’est horrible, 

c’est déprimant, c’est mortel. 

Mais j’ai préféré « chiant » parce que c’est un adjectif vigoureux qui ne fait pas triste. 

Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira. 

Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance. 

On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant. 

On était bien dans sa peau. 

On se sentait conquérant. Invulnérable. 

La vie devant soi. Même à cinquante ans, c’était encore très bien. Même à soixante. 

Si, si, je vous assure, j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme. 

Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps – 

mais quand – j’ai vu le regard des jeunes, des hommes et des femmes dans la force de l’âge qu’ils ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge. 

J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard. 

Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables. Sans m’en rendre compte, j’étais entré dans "l’apartheid de l’âge". 

Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants. 

« Avec respect », 

« En hommage respectueux », 

« Avec mes sentiments très respectueux ». 

Les salauds ! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect ? 

Les cons ! 

Et du « cher Monsieur Pivot » long et solennel comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres qui vous fiche dix ans de plus ! 

Un jour, dans le métro, c’était la première fois, une jeune fille s’est levée pour me donner sa place. 

J’ai failli la gifler....

Puis la priant de se rassoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué. 

« Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée. 

J’ai pensé que… » Moi aussitôt : 

«Vous pensiez que…? 

-- Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous assoir. 

– Parce que j’ai les cheveux blancs? 

– Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, ç’a été un réflexe, je me suis levée…-

- Je parais beaucoup beaucoup plus âgé que vous? 

–Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge… --Une question de quoi, alors? 

– Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois…» 

J’ai arrêté de la taquiner, je l’ai remerciée de son geste généreux et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre. 

Lutter contre le vieillissement c’est, dans la mesure du possible, Ne renoncer à rien. 

Ni au travail, ni aux voyages, 

Ni aux spectacles, ni aux livres, 

Ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni au rêve. 

Rêver, c’est se souvenir tant qu’à faire, des heures exquises. C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent. 

C’est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l’utopie. 

La musique est un puissant excitant du rêve. 

La musique est une drogue douce. 

J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant 

soit l’adagio du Concerto no 23 en la majeur de Mozart, 

soit, du même, l’andante de son Concerto no 21 en ut majeur, musiques au bout desquelles se révèleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au-delà. 

Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés. Nous allons prendre notre temps. 

Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement. Nous ignorons à combien se monte encore notre capital. 

En années? En mois? En jours? 

Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital. 

Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération. 

Après nous, le déluge? Non, Mozart.

Bernard Pivot


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