mercredi 1 juin 2022

De la main de l'Homme...

Pendant longtemps, je n'ai joué que sur des guitares "industrielles". Qu'elle qu'en était la marque, les instruments sur lesquels je jouais sortaient tous d'une usine capable de produire, en une journée, au moins une centaine d'instruments similaires. Le travail du bois, les mécaniques, les ajustements, tout était fait par des machines et la main de l'Homme, toujours nécessaire à un moment ou à un autre de ce process, n'intervenait que très rarement.

Je rêvais, comme tout instrumentiste, de Mon instrument. D'un instrument qui serait unique. Je rêvais comme tout guitariste d'une guitare de luthier. Je ne trouvais pas mon bonheur, jusqu'au jour où j'ai rencontré une guitare de François Vendramini et j'ai su. C'était exactement, parfaitement, ce que je désirais ! Une guitare simple, belle, efficace. C'était cet instrument que je recherchais. 

J'ai troqué le plus beau de mes instruments fait en usine pour cette pièce unique.

Et deux jours plus tard, l'instrument était injouable du fait d'un changement brutal de température. Toutes mes guitares industrielles fonctionnaient encore, mais pas celle-là, pas celle de François Vendramini. Parce qu'un instrument fabriqué par un luthier ne prend pas les marges que prennent les grands fabricants, cette guitare sous certaines conditions se met à ne plus marcher. 

Et c'est ok.

La main de l'homme, lorsqu'elle est omniprésente dans un process, ajoute de l'imperfection. Une guitare de luthier, c'est un instrument unique, mais unique aussi dans ses imperfections. Ce que la machine ajoute de fiabilité, elle l'enlève en authenticité, en humanité. C'est pour cela que tous les musiciens rêvent d'une guitare à leur mesure, unique, et qu'ils sont tous prêts à en payer le prix : la possibilité que cela ne marche pas aussi bien dans certaines circonstances ! Le caractère capricieux de ce qui est unique et beau. Et plus nous industrialisons les objets de notre quotidien, plus nous valorisons ce qui est produit par la main de l'Homme. Plus ces imperfections nous semblent belles et rares et uniques.

Je n'ai plus aucune guitare industrielle.



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