Alors que je
tournais un petit rôle dans un télé-film. Rôle qui ne me valait que quelques
lignes de dialogue, ces quelques lignes me donnait un statut totalement
différent de celui des figurants ! Les acteurs (ceux qui ont
des lignes à dire !) ne mangent pas dans la même cantine, ne parlent pas aux
figurants (ou discrètement) et bénéficient d'un statut à part. Vous pouvez, sur
un même tournage passer de l'une à l'autre de ces catégories et être regardé
par les mêmes individus de façon totalement différente, d'un jour sur l'autre !
Il y a une
hiérarchie sur un plateau et elle est intéressante.
Il y a les
figurants, les assistants. Ils sont en bas de l'échelle. Cela ne les rend pas
moins essentiels. Ils n'existent que parce que les autres sont là…
Les autres, ce sont
d'abord les acteurs. Les acteurs sont ceux qui font vivre le film, qui lui
donne son visage, son identité. Ce sont ceux qui brillent. Les stars. Même si
elles brillent et ont un destin profondément lié à celui des films dans
lesquels elles jouent, elles ne sont que les jouets du réalisateur. Le
réalisateur est celui qui agite tout ce petit monde, celui qui décide. Il est
le dieu du plateau, celui aux ordres duquel tout le monde se plie. Les acteurs
donnent le meilleur d'eux-mêmes pour un grand réalisateur. Les acteurs
craignent les grands réalisateurs. Mais les réalisateurs, même les plus grands,
ne sont rien sans les producteurs. Les producteurs sont les dieux parmi les
dieux, ils sont ceux qui ont droit de vie ou de mort sur les réalisateurs et
qui peuvent décider si un réalisateur aura la possibilité d'exprimer son talent
ou pas. Les producteurs sont en haut de la chaine alimentaire
cinématographique. Ils décident. On ne les
connaît pas. On ne leur demande aucun autographe. Rare sont ceux dont
l'histoire se souviendra. Pourtant, pas de cinéma sans eux.
Et puis il y a les scénaristes. Ils sont une drôle de race qui existe par
elle-même, mais qui ne pourrait exister sans les autres. Les scénaristes sont
dans l'industrie sans y être. Tout dépend d'eux (pas d'histoire, pas de film),
et rien ne dépend d'eux. Leurs scénarii sont achetés et leurs auteurs sont bien
souvent oubliés. Les réalisateurs reprenant le fruit de leur travail à leur
compte (bien souvent). Ils sont une race à part, qui marchent leur chemin.
Il y a là une
intéressante métaphore du monde dans lequel nous vivons. Chacun son rôle,
chacun son salaire, sa vision des choses.
J'ai joué tous ces
rôles, à des moments différents de ma vie…
Si je devais revenir
à l'un d'entre eux, je choisirais celui qui décide, celui qui se choisit, celui
qui ne dépend de personne, celui dont qui tout dépend…
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