Notre peur de la
rejection est terrassante. Notre besoin d'être reconnu et accepté tout aussi
puissant.
Bien sûr, à la
lecture de ces deux phrases, il est tentant de se voir rejeté et d'acquiescer…
Mais il est aussi possible de se représenter en "rejecteur" ! Et rien
n'est plus facile !
Un collaborateur
vient vous présenter sa nouvelle idée, son nouveau projet, son envie et vous
l'évincez, gentiment mais fermement, parce que ce n'est pas le moment, ce n'est
pas son job, vous avez autre chose à faire, vous n'êtes pas dans un bon jour…
Le
"rejecteur" en vous est tout aussi puissant et tout aussi destructeur
que cette partie de vous-même qui ne supporterait pas de l'être. Et c'est tout
le paradoxe.
Cette rejection peut
avoir plusieurs origines, la plus terrible et la plus commune étant la
jalousie. Combien de belles idées et de beaux projets se sont perdus parce que
la personne à qui ils étaient présentés s'est senti diminuée et jalouse de ne
pas avoir eu l'idée ou l'envie ou la vista elle-même.
J'ai en tête cette
anecdote d'un jeune scénariste qui présentait son dernier script à un
producteur. Le téléphone sonne une première fois pendant leur échange.
L'interruption dure une vingtaine de seconde et après quelques excuses la
présentation reprend. Puis le téléphone sonne une seconde fois et le
producteur, ennuyé, annonce au
scénariste qu'il doit prendre cet appel. Le scénariste comprend qu'il doit
sortir et quitte la salle. 30 minutes plus tard, alors qu'il attend toujours,
le producteur sort précipitamment de son bureau : "Je vous avais
complétement oublié !".
Lorsque vous avez
passé les deux dernières années de votre vie à peaufiner un scénario, un tel
oubli est capable de saper votre vocation…
Bien sûr, l'histoire
se poursuit. Bien des années plus tard, le scénariste n'est plus si jeune et
inexpérimenté et des années d'expérience lui ont permis d'écrire un scénario
que le tout Hollywood s'arrache. Le producteur s'y intéresse de près, tente d'obtenir
un accord ; la réponse de l'auteur : "Moi, je ne vous ai pas
oublié…".
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