Écrire
un scenario est un travail d'une extrême complexité. Parce que cela demande
d'avoir une maîtrise, au moins relative, de tous les métiers qui composent
l'industrie du cinéma. Impossible d'écrire une scène correctement et d'espérer
la voir filmée sans rudiment de lumière, de focal, de décor, d'histoire, de
psychologie humaine ou animale et j'en passe !
En dépit
de cette complexité, les producteurs ont la dent dure. Ils n'hésitent pas, et
avec la meilleure des bonnes volontés, à exiger des auteurs que l'histoire
changent de direction, que tel personnage ne soit plus aussi présent, absent,
noir ou que sais-je !
Pour un
auteur, c'est troublant. Soit mordre la main qui vous nourrit et refuser. Parce
que c'est votre histoire et que vous ne pouvez en changer une ligne sans en
détruire l'esprit. Soit aller dans le sens qui vous est demandé, parce que le
pouvoir n'est pas de votre côté.
Pourtant,
vous ne pouvez pas donner à votre client ce qu'il attend. Si les producteurs de
TV avaient toujours eu le pouvoir, la télévision serait encombrée de
"Magnum" et de "Plus belle la vie". Les producteurs ne sont
pas les artistes. Ce qui a rendu possible la venue de séries comme
"Breaking Bad", "Leftovers", "Downton Abbey" et
tant d'autres, c'est qu'il a fallu quelqu'un pour tenir et prendre le pouvoir
et les responsabilités qui vont avec.
Pour un
auteur, surtout un jeune auteur, cela paraît déraisonnable et pour ainsi dire
impossible. Même Emmanuel Carrère a quitté "Les Revenants" parce
qu'on lui demandait de mettre son nom sur quelque chose auquel il ne croyait
pas.
Mais si
refusez d'aller dans cette direction, quand deviendrez-vous l'auteur que vous
êtes vraiment ?
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