Les industriels
travaillent à un monde maîtrisé et sécurisé. Leur travail est de s'assurer de
la pertinence de process rigoureux qui une fois optimisés permettront de
générer des profits sans cesse croissant. Si un seul élément échappait à leur
contrôle, et ce sont tous ces profits qui s'en trouveraient menacés. Pour un
industriel, il est vital de tout maîtriser. L'objectif est de polir, de
peaufiner ces process et de les entretenir, aussi longtemps qu'il est possible.
Pour un artiste,
c'est l'inverse. Pas de peaufinage. Pas de process qui se puissent répéter pour
garantir le succès. Ces deux mondes sont en opposition.
Lorsque les deux
entre en collusion, cela donne la musique classique, qui est une musique que
les industriels (une certaine vision du monde partagée à cette époque...) ont dépouillé de sa dimension artistique pour la rendre
immobile, tout juste sujette à interprétation de la part des musiciens.
Mais cela n'a pas
toujours été ainsi. Jusqu'au 18ème siècle, la musique que nous appelons
classique aujourd'hui s'appelait musique tout
court ! Et les musiciens improvisaient. Il n'y avait pas de partitions
pour tout le monde et les musiciens mémorisaient les thèmes (on parle de grille
aujourd'hui, on parlait alors de cadences) et la musique était libre. Elle
appartenait autant au compositeur qui ne faisait que donner des pistes
d'exploration qu'au musicien qui tenait un vrai rôle dans ce jeu.
Puis on a décrété
que la musique devait appartenir aux compositeurs. Qu'il la fallait figée pour
jamais. On a pris les partitions de Mozart, Bach, Beethoven, auxquelles il
manquait toutes ces parties improvisées et on en a fait des monuments, des
œuvres que rien ne devait plus altérer… et la musique classique est devenu ce
que nous connaissons d'elle aujourd'hui , une musique d'initiés…
Au même moment, on
décide aussi de ne plus enseigner l'improvisation dans les conservatoires. On
décide sciemment de ne plus apprendre le langage spontané de la musique, le
plus beau de tous, pour concentrer le pouvoir sur le compositeur et ceux qui le
financent… Ainsi, plus de risque
d'altérité, de pulsions, de jeu, de joie… Juste la musique, un rien
d'interprétation, c'est tout.
Contrôler.
Le jeu des
industriels.
Contrôler la
partition pour priver les individus de leur pouvoir. Pour briser l'envie
d'improviser, de jouer, de déborder !
La créativité des
musiciens leur est arrachée. Seule leur sont laissées les miettes de
"l'interprétation".
C'est dans ce
système que nous sommes nés. Et les dégâts, s'ils sont apparent en ce qui
concerne la musique classique le sont tout autant dans d'autres domaines.
Bien sûr, au même
moment où le vieux continent enfermait ses musiciens, les États-Unis découvrait
le Jazz, musique improvisée par excellence…
Des deux continents,
l'un est innovant à l'excès. L'autre moins...
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