Le cerveau est une
machine narrative, je l'ai déjà écrit à de nombreuses reprises dans ce blog.
Cela présente des avantages considérables, notamment celui d'interpréter le
monde et de pouvoir se projeter dans quelque chose qui n'existe pas. Pour le
reste du règne animal, le monde est. Ce sont les nécessités de l'instant qui
régissent leurs vies. Pour nous, le monde est tel que nous croyons qu'il est et
cela aussi régit nos vies. Pour fabriquer ces narratifs, pour interpréter le
monde, le cerveau puise dans ce qui est mis à sa disposition. Il y a bien sûr
tout ce qui vous a été transmis au fil de votre éducation, mais il y a aussi
tout ce qui est disponible dans l'instant. C'est à partir de ce qui est là,
autour de vous, que le cerveau va se faire une représentation du monde. Pour
cette raison, il est vital, de fournir à votre cerveau une "nourriture
narrative" équilibrée ! Trop de journal de 20h et votre cerveau vous fera
croire que le monde n'est que dangereux, menaçant et déprimant. Trop de
télé-réalité, et votre cerveau vous donnera à penser que personne sur terre
n'est doté d'un QI supérieur à 20 et vous forcera à vous adapter (…).
Cela est
particulièrement vrai aujourd'hui, alors que nous sommes sous la pression
constante des images et des commentaires autour des attentats récents. Notre
cerveau assimile ces éléments et les transforme en histoire qui vont décider de
la façon dont nous allons nous sortir ou pas de cette situation. Se laisser
envelopper dans cette constante pression des medias, et en quelques jours vous
ne disposerez plus d'aucun contrepoids narratif. Votre monde deviendra celui
que les terroristes auront voulu imposer : un monde de terreur et d'angoisse
dans lequel le danger est à chaque coin de rue. Ce qui n'est pas vrai. En dépit
de l'horreur de l'attentat de Nice et de ses dizaines de morts injustes, le
monde n'a pas changé. Il reste dangereux. Il reste passionnant. La voiture continue de tuer plus de monde que
les fous de Daech.
Que nous fabriquions
des histoires de vengeance et d'horreur disproportionnées est exactement ce que
veulent les têtes pensantes des organisations terroristes. Ils n'ont aucun
pouvoir, aucune force autre que celles des histoires. Mais c'est un pouvoir redoutable
si nous ne prenons pas garde.
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