En 1694, 15% de la
population française mourut de famine ! Plusieurs millions d’hommes, de femmes
et d’enfants.
Le gouvernement,
alors incarné par le roi Louis XIV, ne s’en soucia pas plus que cela et ne fit
pratiquement rien pour palier à cette hécatombe. C'était dans l'ordre des
choses.
Aujourd’hui, tout
cela paraît faire partie d’une préhistoire reculée et obscure, alors que seuls
quelques siècles nous séparent de ces événements !
Pour mille et unes
raisons, il ne serait pas venu à l'esprit du peuple français de venir
critiquer, à cette époque, le gouvernement, le roi et sa cour pour un phénomène
qui était vu par beaucoup comme divin, produit d'une fatalité sur laquelle
personne n'avait le contrôle. La révolution française, qui survint un siècle
plus tard est beaucoup plus un phénomène politique qu'un soulèvement populaire.
De nos jours, les
choses ont changé. Plus personne ne meurt de faim en France et si cela devait
arriver, le gouvernement, de quelque bord qu'il soit, serait pointé du doigt
pour son incapacité à subvenir aux besoins minimum de ses administrés.
A un point tel, que
le gouvernement se voit même critiqué pour son incapacité à maintenir dans une
fourchette raisonnable le prix du gasoil, prix dépendant éminemment de
variables sur lequel le gouvernement en question n'a aucun contrôle !
Ce que cela
signifie, c’est que nous avons au fil des siècles développé une représentation
particulière du monde. Celle d’un ensemble de mécanismes techniques sur
lesquels règnent diverses puissances. Si ces puissances ne peuvent supprimer le
phénomène (ouragan, épidémie, crus en tous genres et de toutes formes), alors
il faudra trouver quel organisme gouvernemental et quel dirigeant ou acteur de
cette puissance est coupable de n’avoir pas anticipé sur l’importance de la
précipitation, sur la taille des grêlons ou l’étendue des zones inondables.
C’est notre
représentation pragmatique et technique du monde qui explique ce phénomène.
C’est intéressant
parce que dans un monde aux représentations techniques, donc rationnel (nous
savons que les épidémies ne sont pas le fait de dieux), l'humanité continue de
réagir et de prendre ses décisions émotionnellement. Avec les dangers et les
risques que cela implique…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire