Moment vécu : une
jeune fille un peu (trop) enflammée bouscule légèrement une femme plus âgée
dans le métro parisien, un dimanche matin. La femme demande d'aller doucement !
La jeunesse rétorque, comme le fait si souvent la jeunesse, qu'elle ne l'a pas
fait exprès ! La femme insiste, espérant sans doute des excuses, même timides.
Mais non, répétition : pas fait exprès, donc excuses injustifiées !
Incommunicabilité habituelle et somme toute pas si grave. Les uns vont
apprendre, les autres retrouveront le cours de leur vie. Si ce n'était pour ce
commentaire, lorsque la jeune fille quitte la rame : "Racaille !".
Un homme, grand,
intervient et dit avec sagesse qu'elle n'est pas une "racaille", elle
est juste mal élevée, mais cela ne fait pas d'elle une délinquante. La femme ne
répond pas, toute à sa colère. L'homme attend une réponse qui ne vient pas.
Lorsque, plus loin
dans la rame, deux autres jeunes femmes hèlent l'homme et lui disent, sur le
ton de la connivence : "Inutile de lui parler, elle ne mérite pas votre
attention - l'ignorance est le plus grand des mépris !". L'homme répond
qu'il doit.
Il ne peut plus rien
se passer si le mépris prend la place de l'empathie. Si le silence prend la
place du dialogue.
L'empathie s'est
reconnaître que ce qui s'est passé n'est pas agréable, que vous comprenez, que
vous êtes là, ouvert et prêt à dialoguer. Cela ne veut pas forcément dire que
vous êtes la cause de ce qui s'est passé, ou que vous êtes à blâmer pour ce qui
s'est passé.
L'empathie et la
parole auraient pu changer ce qui est arrivé ce jour-là, dans cette rame de
métro. Aucun n'avait tort, tous pensaient être juste et dans leur bon droit, chacun dans
son monde.
"Je suis
désolé, je ferai plus attention" - "Que puis-je faire pour me faire
pardonner ?!"
"Je comprends
votre colère, comment puis-je vous aider ?"
Laisser la porte
ouverte.