mardi 8 avril 2025

Parfait ou excellent ?

Le perfectionnisme est rarement une qualité. Il est souvent une stratégie de protection. Il ne vise pas à faire mieux, mais à éviter le faux pas, l’erreur ou la critique. La perfectionniste ne cherche pas tant à progresser qu’à ne jamais décevoir. Elle se nourrit d’un idéal figé, inaccessible, contre lequel on mesure en permanence ses insuffisances. Le perfectionniste ne savoure jamais vraiment ce qu’il a accompli, car il voit surtout ce qui manque, ce qui aurait pu être mieux, plus abouti, plus soigné. C’est une course sans ligne d’arrivée.

L’engagement vers l’excellence, en revanche, repose sur une toute autre dynamique. Il s’inscrit dans un processus, dans une progression. Il part de l’envie sincère de faire de son mieux, ici et maintenant, avec les moyens du bord. Il suppose une forme de lucidité sur ses marges de progression, mais également une confiance dans le fait que l’on peut apprendre, s’ajuster, grandir. L’excellence n’est pas un absolu, c’est une direction. Elle implique de l’exigence, mais aussi de la souplesse, de la patience et une forme de bienveillance envers soi-même.

Cette distinction n’est pas théorique. Elle change profondément la manière dont on aborde son travail, ses relations, et même la façon dont on accompagne les autres. Le perfectionnisme tend à figer. L’engagement vers l’excellence mobilise. Le premier isole. Le second inspire.

Dans les pratiques que j’observe et que j’accompagne, c’est souvent en renonçant à vouloir être parfait qu’on commence à devenir véritablement bon.

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