lundi 30 décembre 2019

Autour de la grève...

Chaque grève des transports apporte son lot de frustrations, mais aussi de réflexions sur la chose humaine et sur ce qu'il est juste ou non de faire pour une cause que l'on estime juste.
Je pense sincèrement que les cheminots grévistes sont persuadés que leur cause est juste et qu'il n'est pas admissible que l'on change les termes de leurs contrats en cours de route sans qu'un accord avec lequel ils soient alignés ne soit trouvé. Je suis persuadé que derrière chaque gréviste se trouve un bon père de famille, une collaboratrice consciencieuse et professionnelle, une personne de valeur pour l'entreprise SNCF. Je suis persuadé que chacune de ces personnes se passerait d'agir de la sorte si cela était possible et que dans le fort intérieur de la plupart d'entre elles, priver de Noël des familles ou rendre les transports difficiles durant cette période de fête est un crève-coeur...
Et pourtant...
S'il y a bien des circonstances atténuantes, et c'est à elles que je pense quand la frustration me gagne (!), elles ne pèsent pas lourd face à la souffrance et à la violence de ce qui se produit et dont je suis le témoin.
Qu'est-ce qu'une cause juste ? Et jusqu'où l'est-elle si pour qu'elle soit entendue il faut encore pratiquer l'injustice ?
Je pense que c'est là qu'intervient le plus notre libre arbitre. Ce choix que nous faisons de faire ou de ne pas faire la chose juste, en dépit de nous-mêmes, de nos désirs, de nos instincts et de nos colères (nos émotions au sens large). C'est de cela dont on parle lorsqu'il est question de noblesse. La noblesse, c'est cette capacité à se mettre en retrait, ne serait-ce qu'une seconde, pour le bien commun, pour l'autre et ne pas hésiter à mettre en péril sa vie, son confort, son intégrité physique pour que la chose juste puisse se produire.
Ce que m'apprennent les cheminots grévistes aujourd'hui, c'est d'en faire encore plus pour les autres et de ne pas céder à cette folie du tout pour Moi, à cet aveuglement collectif qui veut que ces hommes et ces femmes se battent peut-être pour des retraites qu'ils passeront à 52 degrés celsius dans une France dévastée, rationnée en eau, sans électricité et dans un quasi état d'urgence...
La noblesse ou la grandeur serait de faire entendre une voix de sagesse. Pas une voix résignée ou soumise. Une voix qui dit sa force, sa maîtrise et qui exige de négocier pour éviter la violence et la souffrance. Une voix qui porterait sa responsabilité et ne tenterait pas de la faire porter par la partie adverse. Une voix de femme ou d'homme qui affirmerait qu'il serait facile de faire ce que font ceux qui ont un pouvoir de nuisance (les harceleurs), mais que ce sera autrement, parce que l'époque l'exige, parce que la noblesse, si elle est rarement récompensée est toujours la voie à suivre si l'on veut être respecté, par les autres ou par soi-même.
Ou par soi-même.


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